Débat sur la protection du climat : le directeur de Greenpeace critique la stratégie en zigzag de Merz

Berlin. Les écologistes du monde entier espèrent que la conférence des Nations Unies à Belém, métropole amazonienne, donnera un nouvel élan à la lutte contre le changement climatique. Le chancelier allemand Friedrich Merz (CDU) s'y rendra également et rencontrera d'autres chefs d'État et de gouvernement avant le début de la COP30. « C'est un signal important », déclare Martin Kaiser, directeur exécutif de Greenpeace Allemagne. « Mais des actions concrètes doivent suivre », ajoute-t-il.
Monsieur Kaiser, le chancelier se rend au sommet sur le climat. Qu'attendez-vous de lui ?
Il est crucial que Friedrich Merz se rende à Belém. L'Amazonie représente probablement le prochain point de basculement du système climatique, et les attentes envers l'Allemagne sont élevées. Je suis convaincu qu'une rencontre entre le chancelier, le président Lula et les autres chefs d'État et de gouvernement directement concernés par la crise climatique serait extrêmement bénéfique. Cela pourrait également faire évoluer la position de Merz sur la protection du climat, car croissance économique, sécurité et migrations sont intimement liées à cette crise.
Merz ne s'est pas distingué jusqu'à présent comme chancelier du climat.
En matière de protection du climat, le chancelier doit cesser de tergiverser. Il envoie des messages contradictoires. D'abord, il souhaite revoir les objectifs climatiques européens, puis il affirme soutenir fermement les objectifs nationaux et européens. Tantôt il présente l'électromobilité comme la solution d'avenir, tantôt il défend le moteur à combustion. Or, les marchés mondiaux s'orientent clairement vers les technologies vertes, et les dégâts économiques ne feront que s'aggraver en cas d'inaction ou de changement de cap. Cela nuirait également à la politique de Merz – et surtout à notre société.

Après les allers-retours concernant les objectifs climatiques européens, l'Allemagne est-elle encore crédible sur la scène internationale ?
Si l'Allemagne et l'Europe ne parviennent pas à définir clairement et juridiquement les objectifs climatiques européens pour 2040 et 2035, elles perdront leur réputation de pionnières et, par conséquent, d'immenses opportunités sur les marchés mondiaux. Dès la pré-conférence de la COP, les États européens, dont l'Allemagne, ont essuyé de vives critiques pour avoir dénoncé les objectifs climatiques de la Chine sans avoir présenté leurs propres objectifs actualisés dans les délais impartis.
Quelles seraient les conséquences de telles perturbations ?
Compte tenu du contexte mondial, nous avons besoin de partenaires. Il est essentiel que l'Allemagne et l'Europe nouent dès maintenant des alliances avec le Brésil et la Chine, avec l'Inde et les États insulaires, malgré les difficultés que cela peut engendrer. L'Allemagne souhaite par ailleurs réintégrer le Conseil de sécurité de l'ONU et a besoin des voix de ces groupes. Il est donc tout à fait logique d'appréhender la politique climatique sous un angle géopolitique.

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Quelles sont les trois questions clés qui doivent être tranchées à Belém pour garantir que l'objectif de 1,5 degré reste réalisable, au moins à moyen terme ?
Premièrement, nous devons unir les pays qui reconnaissent l'impact de la crise climatique sur leur territoire et souhaitent agir de concert, notamment en réponse ferme à la politique de Trump. Deuxièmement, nous avons besoin d'un plan d'action concret pour combler le déficit de réduction des gaz à effet de serre grâce à un soutien mutuel et une stratégie claire. Faute de quoi, les coûts d'adaptation et les pertes de logements et de moyens de subsistance exploseront. Parallèlement, cela représente également une opportunité de créer une économie décarbonée et neutre en carbone. Troisièmement, nous avons besoin d'un plan d'action pour la protection des forêts afin de prévenir la déforestation due à l'exploitation forestière illégale ou à l'extraction d'or.
La devise de la COP30 est « De l'évaluation à la mise en œuvre ». Est-ce vraiment réaliste ?
Il existe bel et bien un problème de mise en œuvre. On le constate avec les nombreux plans d'action nationaux pour le climat qui font défaut, alors qu'ils auraient dû être intégralement soumis pour la COP 28. Des progrès considérables ont été réalisés concernant le triplement des énergies renouvelables, décidé lors de la COP 28 il y a deux ans, notamment dans le secteur de la construction neuve. Cependant, Trump, Poutine et, de manière générale, les pays producteurs de pétrole bloquent la sortie progressive des énergies fossiles. Leur influence s'est également manifestée récemment dans l'échec de l'accord sur les plastiques. Le président Lula a donc proposé des réformes du régime climatique. Il ne faut plus se fier à l'unanimité en matière de protection du climat au niveau international, mais plutôt instaurer un système de vote à la majorité qualifiée. Une solution similaire est actuellement débattue au sein de l'Union européenne.
Quel rôle jouent les investisseurs privés dans la protection du climat, sachant que le chancelier préconise également leur participation ?
Sans investissement privé, la transformation est vouée à l'échec ; c'est une évidence. Il incombe au gouvernement de créer un cadre propice. Tout investisseur potentiel doit élaborer une stratégie de neutralité climatique qui comprenne des mesures immédiates et s'engage à limiter le réchauffement climatique. Il ne doit y avoir aucun écoblanchiment ; la communauté internationale doit s'en assurer. Friedrich Merz peut jouer un rôle déterminant à cet égard.
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