La plus jeune victime n'a qu'un an : un chirurgien français admet des abus sexuels massifs sur des enfants
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Le procès de l'homme de 74 ans devrait durer quatre mois.
(Photo : REUTERS)
Une nouvelle fois, un procès pour abus choque la France entière : un chirurgien viole ses patientes depuis des décennies. L'accusation parle de près de 300 victimes - la plus jeune avait à peine un an, la plus âgée 70 ans. Au début de la procédure, le prévenu avoue de nombreux délits.
Un médecin français accusé d'avoir abusé de près de 300 enfants est passé en grande partie aux aveux au début de son procès. "Le prévenu reconnaît sa responsabilité dans la grande majorité des faits", a déclaré son avocat Maxime Tessier devant le tribunal correctionnel de Vannes, en Bretagne. L'ancien chirurgien Joël Le Scouarnec avait conservé des registres détaillés de ses crimes contre ses jeunes patients.
L'homme de 74 ans est soupçonné d'avoir abusé de plusieurs de ses jeunes patients sous prétexte d'examens médicaux et sous anesthésie. Le procès concerne 299 victimes présumées, âgées en moyenne de onze ans. « J'ai peur de le voir, même si j'attends ce jour avec impatience », a confié la coplaignante Amélie Lévêque, aujourd'hui âgée de 42 ans. Selon le parquet, elle aurait été abusée par Le Scouarnec à l'âge de neuf ans alors qu'elle était soignée à l'hôpital pour une appendicite.
Les victimes du médecin espéraient avant tout une "reconnaissance de la justice", a déclaré l'avocate Marie Grimaud à son arrivée au tribunal. Beaucoup d’entre eux n’ont découvert ce qui leur était arrivé qu’à l’âge adulte.
la majorité des victimes ont moins de 15 ans"Même si on l'a oublié, le traumatisme demeure. Je vis encore aujourd'hui avec les conséquences", a déclaré l'un des coplaignants, qui n'a pas souhaité donner son nom, avant le début du procès. En 2018, les enquêteurs lui avaient donné à lire des extraits du journal de Le Scouarnec, qui concernaient ses abus à l'âge de douze ans. « L’oubli ne diminue pas la gravité des crimes », a-t-il déclaré.
Les crimes présumés de Le Scouarnec ont été révélés parce que les enquêteurs ont découvert les journaux du médecin lors d'une perquisition à domicile dans le cadre d'une autre affaire. Il y décrit en détail comment il maltraitait des garçons et des filles, parfois dans une chambre d’hôpital, parfois même sur la table d’opération. Les enquêteurs ont également découvert environ 300 000 photos et vidéos contenant de la pornographie infantile. Au départ, les enquêteurs pensaient qu'il y avait plus de 300 victimes, mais certains cas ont été jugés prescrits.
Le Scouarnec est désormais accusé de 111 viols et de 189 agressions sexuelles s'étalant sur deux décennies et demie. Il risque jusqu'à 20 ans de prison. Sur les 299 victimes présumées, 256 avaient moins de 15 ans. Selon l'accusation, les victimes comprenaient également un enfant d'un an, et la victime la plus âgée avait 70 ans.
Une carrière malgré une condamnation pour pornographie juvénileLe procès devrait recevoir le même niveau d’attention que celui du violeur en série Dominique Pelicot, condamné en décembre. Il existe plusieurs parallèles : selon l'accusation, de nombreuses victimes de Le Scouarnec étaient inconscientes au moment des crimes. De plus, comme Pelicot, le chirurgien tenait soigneusement des registres de ses méfaits et conservait des photos et des vidéos. Or, alors que dans le procès Pelicot il y avait une victime et 51 auteurs, aujourd’hui il y a un auteur et près de 300 victimes.
Le Scouarnec a travaillé dans une douzaine d'hôpitaux différents de l'ouest de la France. Même si certains de ses supérieurs et collègues savaient qu’il avait déjà été condamné pour pornographie juvénile, cela n’a pas entravé sa carrière. Cela a donné lieu à une deuxième enquête sur l’échec des autorités. Au début du procès, une banderole a été déployée près du tribunal accusant l'Ordre des médecins français d'être devenu « complice ».
Le procès est prévu pour durer quatre mois ; une quarantaine de coplaignants ont demandé que le public soit temporairement exclu. Le prévenu avait déjà été condamné en 2020 à 15 ans de prison pour avoir abusé de quatre filles dans les années 1990, dont deux nièces et la fille de six ans de son voisin. C'est le cas de l'enfant du voisin qui a déclenché la perquisition à domicile et a ainsi mis en lumière l'ampleur choquante des abus de masse présumés.
Source : ntv.de, spl/AFP
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