« Vingt ans d’études, sans solution identifiée » : à Talence, l’épineuse équation de l’accès à la fac pour les vélos

L’équation n’a rien d’inconnu mais reste quasiment insoluble. L’accès à l’université, depuis les boulevards par les cours de la Libération et Gambetta à Talence, est, sans surprise, souligné de rouge par les usagers qui se sont exprimés au travers du baromètre vélo de la Fédération des usagers de la bicyclette (Fub...
L’équation n’a rien d’inconnu mais reste quasiment insoluble. L’accès à l’université, depuis les boulevards par les cours de la Libération et Gambetta à Talence, est, sans surprise, souligné de rouge par les usagers qui se sont exprimés au travers du baromètre vélo de la Fédération des usagers de la bicyclette (Fub). « Cet aménagement, c’est vingt ans d’études derrière nous, sans solution identifiée », confirme le maire de la ville, Emmanuel Sallaberry, rejoint sur ce point par son opposante écologiste et conseillère métropolitaine chargée des mobilités douces Isabelle Rami : « En l’état, c’est dangereux, il faut vraiment s’occuper de cet axe. »
Sur place, en ce début de semaine, même constat : « C’est clairement un point noir, confirme Benoît, doctorant à la fac de sciences. Quand la circulation est dense, les vélos sont bloqués par les voitures et les voitures bloquées par les vélos. Cela crée un conflit d’usage, tout simplement. » « Le cours de l’Argonne [à Bordeaux NDLR], c’est l’enfer, dit Sandrine. Et cela se complique quand il faut partager l’espace avec le tram sans place pour une piste cyclable. » La plateforme du tram, parfois passage obligé sur le parcours, est un piège à chutes, tous les usagers réguliers le confirmeront, ici ou ailleurs dans la métropole bordelaise.
Avec une seule voie possible pour tous depuis l’installation du tram au début du siècle, forcément, l’espace manque, pas besoin d’études poussées de géométrie à la fac de sciences toute proche pour le comprendre. Une quadrature du cercle qu’Emmanuel Sallaberry dit avoir tenté de résoudre en 2020. « Dès le début du mandat, j’ai commandé une étude pour faire passer les voitures sur les voies de tram. Cela paraissait faisable mais c’est très cher et cela aurait pu poser un problème d’alimentation électrique pour le tram cours Gambetta. C’est donc très hypothétique. »
Comme il juge « irréaliste » l’idée, avancée par la liste d’opposition lors de la dernière campagne électorale, de mettre ce long segment à sens unique pour libérer une voie pour les vélos. « Cela détournerait la circulation vers la route de Toulouse [un autre point noir pour la circulation des voitures et vélos NDLR] et le cours Gallieni. Et nous avons le problème des voies adjacentes, toutes perpendiculaires, qui deviendraient des impasses. »
Isabelle Rami, qui s’est déclaré ce mercredi 5 novembre candidate aux élections municipales des 15 et 22 mars 2026, se montre aujourd’hui prudente : « Il faudrait réaliser des études pour s’assurer que les flux de voitures ne déséquilibrent pas les quartiers d’échoppes. »
Thierry David / SO
Comme élue métropolitaine, elle rappelle que la collectivité communautaire ne peut intervenir que si l’axe est une ligne Réseau vélo express (ReVE) – impossible ici. Et si une demande de financement au titre d’un contrat de développement (Codev) est engagée, ce qu’elle reproche à Emmanuel Sallaberry de ne pas avoir fait. « Elle existe bien pour l’avenue de la Libération, le cours Gambetta et le secteur Victor-Louis, réfute le maire. Mais il faudrait reprendre toute la plateforme du tram, cela n’a pas été retenu par la Métropole. » Un sujet de la prochaine campagne électorale à n’en pas douter…
« On doit être capable de partager la route sur certains secteurs pour éviter de dépenser des millions d’euros »
Sans solution globale à plaquer, comment faire ? Faute de mieux, usagers et élus proposent des petits arrangements qui, mis bout à bout, esquissent une solution. Il y a les cyclistes qui avouent une petite entorse au code de la route, en déviant par les trottoirs. Ou Marie, usagère régulière, et Elliot, étudiant en œnologie, qui proposent de mieux signaler aux automobilistes leur droit, légal celui-là, de poser leurs roues sur les voies de tram pour doubler les deux roues. « Des panneaux bleus existent déjà mais nous nous heurtons aux normes, peste Emmanuel Sallaberry. Elles nous empêchent de dessiner un signalement au sol comme il nous est interdit de réduire la largeur des trottoirs de 1,40 m à 1,20 m [pour la bonne circulation des personnes à mobilité réduite NDLR]. »
Dans cette approche pragmatique, lui « croit fort » à l’alternative, en cours de mise en place, par le cours Gallieni. Comme le ré-élargissement des voies, côté Peixotto, qui pourrait améliorer l’accès à l’université. Et, quand rien d’autre n’est possible, il en appelle au civisme : « On doit être capable de partager la route sur certains secteurs pour éviter de dépenser des millions d’euros. »
SudOuest




