Complices, logement, interpellation: ce que l'on sait de la fin de cavale de Mohamed Amra à Bucarest
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Mohamed Amra, l'un des hommes les plus recherchés de France après son évasion le 14 mai 2024 au niveau du péage d'Incarville dans l'Eure, a été interpellé le samedi 22 février. 284 jours après sa disparition, le narcotrafiquant de 30 ans a été appréhendé par la police roumaine à Bucarest grâce à un important dispositif déployé par les autorités françaises. Son séjour à quelque 2.000 kilomètres de l'Hexagone se dévoile peu à peu.
Découvert avec des lunettes et une couleur rousse à ses cheveux, le fugitif n'était pas simplement venu se terrer à Bucarest, mais bien préparer une nouvelle vie sous les radars en changeant d'apparence.
Au moment de son interpellation, Mohamed Amra avait sur lui des faux papiers et de l'argent, précise Bogdan Ghebaur, porte-parole de la police roumaine. On ignore en revanche de quelle nationalité étaient ces papiers.
"De ce qu’il a dit durant l’interrogatoire, il est venu en Roumanie pour faire de la chirurgie esthétique. Il voulait ensuite partir en Colombie. Il essayait déjà de changer d’apparence: il a coupé et teint ses cheveux et il portait des lunettes", précise ce dernier.
Dans une interview accordée au Parisien, le ministre de l'Intérieur de Roumanie explique également que "le 20 février, la police roumaine a reçu l’information de la police française qu’il était possible que ce criminel dangereux soit en Roumanie".
Une équipe mixte entre les pays a permis rapidement d'identifier "une voiture suspecte". Une fois suivie, cette dernière les a mené à l'appartement occupé par Mohamed Amra.
Lors d’une prise de parole devant la presse, ce lundi, la procureure de Paris, a souligné que Mohamed Amra a bénéficié "d'une organisation criminelle déterminée" pour s’échapper. Une évasion, qui avait causé la mort de deux agents pénitentiaires.
"Les investigations ont permis d’établir qu'autour de Mohamed Amra existait le déploiement d’une organisation criminelle déterminée dans sa préparation, mais aussi dans son action", a indiqué la procureure de Paris, Laure Beccuau.
Cette évasion a été minutieusement préparée notamment grâce à des équipes spécialisées dans des actions spécifiques. "Repérage, équipe de voleurs, équipe de logisticiens, équipe de guetteurs, l'équipe du commando", énumère-t-elle.
"L’ensemble de ces protagonistes (les différentes équipes de l’organisation, NDLR) ont eu plusieurs fois recours à des véhicules faussement immatriculés, à des armes lourdes, à l’usage de lignes téléphoniques dédiées et à la multiplication des changements de téléphones", détaille la procureure de Paris.
Face à cette organisation criminelle, les autorités ont décidé de mettre en place des moyens d’investigation à "la mesure de la réponse qui était dans notre responsabilité", souligne la magistrate.
Selon nos informations, Mohamed Amra était arrivé dans la capitale roumaine seulement quelques jours avant d'être appréhendé.
Son séjour sur le territoire roumain a été organisé avec l’aide de deux complices, l’un de nationalité française, l’autre de nationalité albanaise, indique le porte-parole de la police roumaine, Bogdan Ghebaur, à BFMTV.
C’est ce second complice qui s’est chargé de louer l’appartement dans lequel Mohamed Amra a résidé durant plusieurs semaines. Un logement situé à Voluntari, dans la banlieue nord de Bucarest.
Le complice a réservé ce logement pour une durée de six mois, en payant trois mois à l’avance. Il s’est en outre assuré que Mohamed Amra avait de quoi vivre en lui fournissant de l’eau et de la nourriture.
À ce jour, les deux complices de Mohamed Amra n’ont toujours pas été interpellés. Ils ont quitté le territoire roumain dès que son installation a été finalisée.
BFM TV