L’avocate d’accusés du procès des viols de Mazan Nadia El Bouroumi risque 18 mois de suspension
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La pénaliste est passée mercredi dernier devant le conseil régional de discipline des avocats de la cour d’appel de Nîmes. La décision devrait être rendue le 23 avril prochain.
Au procès des viols de Mazan, Me Nadia El Bouroumi avait créé la polémique en dansant sur la chanson «Wake Me Up Before You Go-go», dans sa voiture, le 20 septembre. Mais ce ne sont pas ces images qui ont motivé son passage, la semaine dernière, devant le conseil régional de discipline des avocats de la cour d’appel de Nîmes, qui a requis à son encontre 18 mois de suspension.
Mercredi 19 février, l’avocate aux près de 53.000 abonnés Instagram a été convoquée par le conseil de discipline pour une suspicion de prise d’images dans une salle d’audience, lesquelles auraient par la suite été publiées sur les réseaux sociaux. Les faits se seraient déroulés entre 2021 et 2023, donc bien avant le procès des viols de Mazan, où l’avocate a plaidé pour deux des cinquante et un accusés, Jean-Marc L. et Omar D.
Les avocats de Me El Bouroumi, Me Olivier Merice et Me Khadija Aoudia, ont invoqué la liberté d’expression. «Je suis extrêmement serein sur l’issue de cette procédure disciplinaire», a assuré auprès du Figaro Me Merice, indiquant que les captations d’images n’ont pas été démontrées.
Quelques mois plus tôt, au tribunal d’Avignon, Me El Bouroumi s’était notamment fait remarquer par son ton virulent à l’égard de la partie civile, Gisèle Pelicot. La pénaliste avait ainsi déclaré qu’elle estimait que la septuagénaire était «responsable» de la diffusion des images à l’audience, mettant en cause la publicité des débats au détriment d’un huis clos. L’avocate avait par la suite déposé plainte pour «harcèlement» : «suite à mes interventions dans le cadre du procès, j’ai été insultée, humiliée», avait-elle expliqué sur BFMTV.
Sur Instagram, elle se présente comme «avocate» mais aussi comme «coach de vie». Lors du procès Mazan, elle publie sur son compte de manière quasi-quotidienne ses impressions à l’audience. Que ce soit face caméra ou au volant de sa voiture, l’avocate débriefe, telle une influenceuse : «Je sors du procès Pelicot, wooouh !», lance-t-elle, trois semaines après le début de l’audience. Avant de poursuivre : «On a diffusé des photos de Madame dans des positions qui, effectivement... posaient problème, puisque depuis quelques jours, elle nous expliquait que jamais jamais jamais elle n’avait participé à quoi que ce soit».
La toile s’était ensuite enflammée lorsque Me El Bouroumi avait diffusé une vidéo d’elle se trémoussant dans sa voiture au rythme du hit du groupe Wham! La vidéo avait profondément choqué : alors que la soumission chimique est au cœur du procès Mazan, on peut apercevoir l’avocate danser sur cette chanson dont le refrain n’est autre que «réveille-moi avant de partir». Sur BFMTV, Me El Bouroumi s’était défendue de toute référence à Gisèle Pelicot. Elle avait assuré avoir choisi cette chanson «avec humour», pour «dire qu’il faudrait se lever tôt pour me museler», en réaction au harcèlement dont elle se disait victime. Ces images ne font, aujourd’hui, en aucun cas l’objet d’un renvoi devant le conseil disciplinaire.
Il y a quatre jours, l’avocate a publié sur son compte Instagram une vidéo dans laquelle la pénaliste affirme avoir «créé ce compte avec une seule ambition : partager du savoir et créer de la valeur». «Parce que le savoir, c’est le pouvoir. Et ce pouvoir, je veux le rendre accessible à toutes celles et tous ceux qui, trop souvent, n’ont pas les clés pour comprendre le droit», déclare-t-elle. Avant d’ajouter : «non, ce compte n’a jamais été fait pour faire le buzz. (...) Je suis là pour transmettre, outiller et donner des clés». La décision a été mise en délibéré et devrait être rendue le 23 avril prochain. En cas de sanction disciplinaire, Mes Merice et Aoudia nous indiquent faire appel.
lefigaro