Le concert du chef d’orchestre israélien Lahav Shani perturbé par des militants à la Philharmonie de Paris

Des activistes ont interrompu la représentation, munis de fumigènes dans les gradins.
Le concert de l’orchestre philharmonique d’Israël, dirigé par le chef Lahav Shani, a été interrompu à plusieurs reprises, jeudi soir, à la Philharmonie de Paris, a appris Le Figaro de sources concordantes. Des activistes ont perturbé la représentation, munis de fumigènes dans les gradins. «À trois reprises, des spectateurs en possession d’un billet, ont tenté de diverses manières d’interrompre le concert dont deux fois avec l’usage de fumigènes. Des spectateurs se sont interposés et des affrontements ont eu lieu. Les fauteurs de troubles ont été évacués et le concert, qui avait dû s’interrompre, a repris et s’est achevé dans le calme», confirme dans un communiqué la Philharmonie de Paris qui «déplore et condamne fermement les graves incidents survenus ce jeudi».
«Rien ne peut justifier de telles actions. Quelles que soient les opinions de chacun, il est tout à fait inadmissible de menacer la sécurité du public, des personnels et des artistes», ajoute l’institution. «La Philharmonie a démontré qu’elle était à l’écoute en répondant aux diverses interpellations reçues ces derniers jours au sujet de ce concert. Mais la violence n’est pas un débat. Et la faire entrer dans une salle de concert est très grave.» L’établissement a annoncé porter plainte.
Passer la publicitéCette interruption fait suite à un communiqué de la CGT Spectacle, représentant les travailleurs de ce secteur, publié le 29 octobre. Dans ce texte, le syndicat avait vivement critiqué la tenue du concert, sans toutefois appeler à son boycott. «La Philharmonie de Paris ne peut accueillir l’orchestre philharmonique d’Israël sans rappeler à son public les accusations gravissimes qui pèsent contre les dirigeants de ce pays ni la teneur des crimes commis à Gaza », avait-elle argumenté. Et d’ajouter que ce concert était «compris comme une entreprise de normalisation de la part de l’État d’Israël».
La tenue du concert avait été rapidement défendue par la ministre de la Culture, Rachida Dati : «Bienvenue à l’orchestre national (sic) d’Israël ce jeudi à la Philharmonie. Rien ne justifie un appel au boycott de ce moment de culture, de partage et de communion. La liberté de création et de programmation est une valeur de notre République. Aucun prétexte à l’antisémitisme!», avait-elle écrit sur le réseau social X.
Lundi, la Philharmonie de Paris avait dit espérer que le concert «puisse se tenir dans les meilleures conditions possibles». «La Philharmonie a accueilli et accueillera encore aussi bien des artistes israéliens que palestiniens. Nous n’exigeons jamais de prise de position de la part des artistes et des formations invitées au sujet de conflits en cours ou d’enjeux politiques sensibles», avait poursuivi l’établissement public musical. Un pari manqué, donc.
En septembre, le talentueux chef israélien avait été déprogrammé du festival de Gand, en Belgique, où il devait diriger l’orchestre philharmonique de Munich en ouverture de l’évènement. Le chancelier allemand Friedrich Merz s’était fendu d’une déclaration, fustigeant «le poison de l’antisémitisme». Dans un communiqué publié sur le site de l’orchestre philharmonique munichois, Lahav Shani avait accusé la direction du festival belge d’avoir cédé face «aux pressions politiques». «Elle a exigé que je fasse une déclaration politique malgré mon engagement de longue date et publiquement exprimé en faveur de la paix et de la réconciliation», avait-il argué.
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