Migrants expulsés des Etats-Unis : quatre organisations américaines saisissent la CIDH contre la détention massive au Salvador
Quatre organisations américaines ont annoncé, vendredi 9 mai, avoir demandé à la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) d’intervenir contre la détention au Salvador de centaines de migrants expulsés des Etats-Unis.
Invoquant une loi de 1798 sur les « ennemis étrangers », jusqu’alors utilisée exclusivement en temps de guerre, l’administration Trump a expulsé, sans jugement, 252 Vénézuéliens vers le Salvador. La plupart sont accusés d’appartenir au gang Tren de Aragua, déclaré organisation « terroriste » par Washington.
Le pays d’Amérique centrale a accepté de les incarcérer, pour la plupart, au Centre de confinement du terrorisme (Cecot), une méga prison de haute sécurité aménagée par le président salvadorien, Nayib Bukele, pour les membres de gangs, en échange de 6 millions de dollars (5,3 millions d’euros environ), selon la Maison Blanche.
Les autorités américaines n’ont pas expliqué dans le détail comment elles avaient déterminé l’appartenance au gang de ces migrants illégaux. Des avocats ont pour leur part dénoncé le fait que ces identifications reposaient, au moins en partie, sur les tatouages qu’ils portaient. Les proches des expulsés clament leur innocence et estiment injuste leur transfert vers une prison de haute sécurité au Salvador.
Un juge fédéral du Texas a considéré début mai que le recours à la loi sur « les ennemis étrangers » pour expulser des immigrés était « illicite ». Des tribunaux et cours d’appel ainsi que la Cour suprême ont également bloqué provisoirement le recours à cette loi au motif que les personnes expulsées devaient pouvoir faire valoir leurs droits.
Les quatre organisations en question – la Clinique internationale des droits de l’homme de la faculté de droit de l’université de Boston, le Centre d’études sur le genre et les réfugiés, le Conseil mondial pour les litiges stratégiques et Robert F. Kennedy Human Rights – ont sollicité une intervention « d’urgence » de la CIDH « contre le Salvador ».
Menée au nom de plus d’une douzaine de familles, l’initiative dénonce les cas de centaines de personnes soumises depuis mi-mars à des « disparitions forcées » et expulsées vers le Salvador. Les organisations exhortent la CIDH à demander des informations à l’Etat et à prendre des mesures « pour éviter des dommages irréparables », a expliqué à l’Agence France-Presse (AFP) Blaine Bookey, directrice juridique du Centre d’études sur le genre et les réfugiés.
Des recommandations non contraignantesLes recommandations de la Commission ne sont pas contraignantes, mais le Salvador a des obligations « en vertu des conventions régionales sur les droits de l’homme » auxquelles il fait partie, a-t-elle précisé.
Par ailleurs, des membres du Congrès américain ont visité, vendredi, cette prison de haute sécurité. La délégation était composée des républicains Anna Paulina Luna et Andy Ogles, et du démocrate Vicente Gonzalez. Elle comprenait également Alex Bruesewitz, conseiller de Donald Trump, et l’ancien représentant républicain, Matt Gaetz.
« C’est un honneur de rencontrer le président [Bukele] et de parcourir la légendaire méga prison Cecot, où le Salvador enferme des membres de gangs, des trafiquants et des envahisseurs illégaux », a écrit M. Ogles sur X.
Le Monde avec AFP
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