A Lyon, Bruno Retailleau chasse sur les terres de Laurent Wauquiez

A trois jours de l'élection à la présidence des Républicains où il affronte Laurent Wauquiez, Bruno Retailleau tenait un meeting dans la région de son rival.
Dans la dernière ligne droite de la campagne interne pour l’élection à la présidence des Républicains, Bruno Retailleau est venu défier Laurent Wauquiez sur ses terres. A la Confluence, à quelques mètres du conseil régional qu’a longtemps présidé son rival interne, le ministre de l’Intérieur a rassemblé un petit millier de militants et sympathisants. Une affluence qui témoigne de l’actuelle popularité de Bruno Retailleau. “On n’a pas eu de difficultés à remplir la salle. Je ne sais pas si c’est le cas de tous les politiques en ce moment”, s’amuse un soutien du ministre de l’Intérieur. “Nous ne sommes pas en terrain conquis. Ici à Lyon, les pressions ont été fortes. Mais nous avons fait un choix : celui du courage, de la clarté et de l’avenir. Bruno Retailleau ne cherche pas à plaire à tout le monde. Il ne parle pas pour flatter mais pour convaincre”, salue Gilles Gascon, maire LR de Saint-Priest et président du groupe de droite au conseil métropolitain.
L’équation personnelle du ministre de l’Intérieur dope dans la salle l’engouement des militants. Robert, après quelque années d’interruption, a repris une carte chez Les Républicains pour voter pour Bruno Retailleau le 17 mai. “Je n’aime pas les gens qui se planquent. Le contexte est difficile mais lui il essaie d’influer sur les événements. Il ne s’est pas caché ces trois dernières années avant de revenir en disant “vous allez voir ce que vous allez voir”. Pour moi, l’engouement autour de Bruno Retailleau repose sur son authenticité. Quand il parle, je comprends ce qu’il dit”, souligne Robert, un militant lyonnais. Un peu plus loin, Pierre, adhérent sans discontinuer depuis plusieurs années, juge le ministre de l’Intérieur “plus rassembleur et moins clivant” que l’ancien président de la région Auvergne-Rhône-Alpes. “Il a des convictions profondes tout en restant ouvert, poursuit ce militant lyonnais. Il propose une ligne compréhensible, une droite claire qui devrait ramener le pays sur la bonne voie. Il est à la tête d’un ministère difficile mais il apporte des preuves. C’est un travailleur. Il n’est pas dans le coup politique”.
Au Dock 40, le ministre de l’Intérieur démontre pourtant qu’il manie bien la communication politique. Il entre dans la salle en fendant la foule des militants escorté de ses soutiens qui sont autant de prises de guerre dans une région où Laurent Wauquiez a gagné haut la main la bataille des soutiens. Sur l’estrade, il donne d’entrée le ton : “on m’avait dit qu’à Lyon, il n’y avait que des écolos ou des Insoumis. Je ne pensais pas faire une telle salle”. L’orateur Retailleau se révèle détendu, à l’aise. Pendant une petite heure, il déroule son discours sans notes ni hésitations. D’entrée, il prévient qu’il ne cédera pas à la tentation des petites phrases à l’encontre de Laurent Wauquiez : “Ce n’est pas quand ma famille retrouve des couleurs qu’il faut la diviser. Je réserve mes coups aux Insoumis”. Une cible sur laquelle il reviendra souvent et qu’il définit comme son seul adversaire, assurant que Les Républicains doivent “combattre le terrorisme intellectuel de la gauche”. Des critiques qui font mouche auprès de l’assistance qui salue ces saillies par des applaudissements nourris.
A trois jours du vote interne, il déroule sa feuille de route en cas de victoire et s’adresse à une base qui s’est élargie ces dernières semaines. “Je voudrais m’adresser aux militants des années noires de défaites et parfois de trahisons. Vous avez tenu et je vous en remercie. Je veux aussi m’adresser à ceux qui sont revenus. Vous êtes la fierté de ma campagne. Je me suis engagé pour vous faire revenir. Nous sommes aujourd’hui le premier parti de France en termes d’adhérents. Demain il faudra l’être en termes d’électeurs. Ils nous ont quittés car nous les avons déçus. Nous étions une droite honteuse qui s’excusait sous l’hégémonie culturelle de la gauche. Je veux que ceux qui sont allés voter RN, Zemmour ou Macron puissent revenir vers nous. Je veux construire un grand parti de droite”, assure-t-il. Pour la méthode, il pose en exemple son action au ministère de l’Intérieur. “J’ai choisi de parler vrai, de dire la réalité telle que les Français la perçoivent. Ma sincérité, c’est ma force. La crise de la démocratie est celle de la parole publique. Il y a un écart entre ce qui vient des tripes et ce qui sort des lèvres. Quand on impose sa sémantique, on gagne dans les urnes. Le parler vrai a son efficacité”, savoure-t-il avant de présenter son bilan avec la loi sur le narcotrafic ou le durcissement des règles de naturalisation.
Son bail place Beauvau plaide pour lui auprès des militants mais est aussi utilisé comme un épouvantail par le camp Wauquiez qui l’accuse de manquer d’indépendance face à Emmanuel Macron et François Bayrou. Bruno Retailleau leur répond indirectement et martèle à plusieurs reprises que la décision des Républicains d’entrer au gouvernement a été un choix “collectif et collégial”. Il déroule aussi une uchronie fédératrice pour ses militants si LR avait décliné : “Vous auriez eu Rima Hassan en ministre des Affaires étrangères”.
Il promet de moderniser le logiciel de la droite sur tous les grands sujets : école, travail, immigration, écologie. “Nous allons devoir accomplir des ruptures. Si nous prolongeons les politiques actuelles, on ira dans le mur”, prévient-il. Le candidat Retailleau promet de trancher ces questions en associant les militants par des référendums. Un outil qu’il veut aussi utiliser pour le choix du candidat pour les élections présidentielles de 2027. Pour Laurent Wauquiez comme pour Bruno Retailleau, les deux échéances se confondent dans la dernière ligne droite de cette campagne interne.
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