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Au Pérou, la hausse de 125 % du salaire de la présidente divise l’opinion

Au Pérou, la hausse de 125 % du salaire de la présidente divise l’opinion

Le ministère de l’Économie du Pérou examine depuis plusieurs jours une potentielle hausse de 125 % du salaire de la présidente, Dina Boluarte. Si certains parlementaires approuvent la proposition, d’autres la qualifient de “provocation” dans un pays traversant de multiples crises sociales.

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Lecture 2 min. Publié le 15 mai 2025 à 18h03
La présidente du Pérou, Dina Boluarte, arrivant à un dîner lors de la semaine des dirigeants de la Coopération économique pour l’Asie-Pacifique (Apec), à San Francisco, le 16 novembre 2023. photo JOSH EDELSON/AFP

C’est une mesure qui crispe la scène politique péruvienne depuis près de dix jours. Le mardi 6 mai, le ministère de l’Économie et des Finances péruvien a publié un rapport suggérant l’augmentation du salaire de la présidente, Dina Boluarte, en le faisant passer de 16 000 à 35 568 sols péruviens (soit d’environ 3 870 euros à 8 600 euros), rapporte le principal radiodiffuseur péruvien, RPP. Selon le Congrès, cette revalorisation permettrait de “protéger la figure présidentielle”.

Citée par le média, la députée Patricia Juárez (Force populaire) a estimé qu’il était tout à fait logique que la rémunération la plus élevée revienne à la présidente de la République.

Le ministère justifie cette hausse de 125 % par le fait que Dina Boluarte serait actuellement l’une des dirigeantes “les moins bien rémunérées” d’Amérique du Sud. Cette revalorisation salariale viserait donc à s’aligner sur les standards régionaux.

Ce même document, scrupuleusement étudié par la presse péruvienne, souligne que cette mesure, dont l’approbation finale sera décidée ou non par le Conseil des ministres, reviendrait aussi à se conformer aux recommandations établies par le Fonds monétaire international (FMI), qui précise que “le salaire des travailleurs de la fonction publique doit correspondre à la valeur du poste qu’ils exercent”, indique La República.

De son côté, mentionné par Perú 21, le défenseur des droits, Josué Guitérrez, qui est chargé d’assurer les libertés fondamentales des individus dans le pays, a déclaré :

“Personnellement, j’estime que la présidente de la République doit bénéficier d’une meilleure rémunération que tout autre fonctionnaire de l’État. […] Si la présidente touche 16 000 sols par mois [3 870 euros], alors tous les autres salaires devraient être indexés sur ce chiffre.”

Si certains responsables politiques et spécialistes défendent la mesure, celle-ci suscite aussi de vives critiques dans un climat social déjà particulièrement tendu.

En témoignent les dires du juriste Ricardo Herrea, qui, interrogé par Perú 21, estime que rien ne justifie une telle augmentation, “compte tenu d’un mandat [depuis décembre 2022] sans réalisations politiques majeures”. Il cite à ce titre les lignes explicites du ministère à l’origine de la mesure :

“Selon les réglementations du ministère des Finances, l’augmentation salariale doit être justifiée par trois raisons, à savoir la qualification professionnelle, des réalisations tangibles dans l’exercice de la fonction qui doivent être prouvées, ainsi que la mise à jour générale de la grille salariale.”

Dans un éditorial au ton amer du média latino-américain Diario Red, la journaliste Crismar Lujano estime que “l’idée de doubler le salaire” d’une présidente aussi décriée – selon un sondage récent d’Ipsos, elle ne bénéficie que de 3 % d’opinions favorables – n’est autre que de “la provocation”.

Elle énumère les scandales : corruption, crimes contre l’humanité – en référence aux manifestations meurtrières de décembre 2022 –, ou encore la “crise institutionnelle chronique” dont pâtit le pays.

La principale intéressée semble quant à elle rester de marbre, à en croire ses dernières déclarations, citées par Infobae. Lors d’un “message à la nation”, Dina Boluarte s’est félicitée de sa gestion du pays, affirmant qu’elle faisait “briller le Pérou, telle une étoile en Amérique latine”, grâce à sa “gouvernance efficace et à son contrôle de l’inflation”.

Courrier International

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