Commission d’enquête sur les eaux minérales : le Sénat saisit la justice pour «faux témoignage» du directeur industriel de Nestlé Waters
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La commission d’enquête sénatoriale chargée de faire la lumière sur les pratiques des industriels de l’eau en bouteille fait savoir ce lundi 12 mai dans un communiqué qu’elle va saisir la justice, après l’audition d’un dirigeant de Nestlé Waters le 26 mars dernier sur la situation du site de Perrier à Vergèze (Gard).
Le rapporteur, Alexandre Ouizille (SER), et le président, Laurent Burgoa (LR), de la commission d’enquête sur les eaux en bouteille soupçonnent le directeur industriel de Nestlé Waters, Ronan Le Fanic, de «faux témoignage» : «Ce responsable n’a pas respecté son serment de dire “toute la vérité, rien que la vérité”.» Et annoncent en conséquence saisir la procureure de Paris.
Les sénateurs estiment que le dirigeant aurait menti en affirmant devant le Sénat que l’activité de l’usine de Vergèze, où l’eau est captée, était restée «routinière» entre janvier et mars 2025, sans incident d’exploitation. Or, «l’enquête de la commission démontre que, les 10 et 21 mars 2025, les lignes de production de Perrier ont été affectées par des contaminations bactériennes dont la direction de Nestlé Waters a nécessairement été informée».
«Dans les deux cas, les évènements en question, dont la presse s’est faite l’écho, ont entraîné le blocage de nombreuses palettes de bouteilles Perrier, blocage qui n’a toujours pas été levé à ce jour», relate la commission d’enquête. «Nestlé Waters nous en a dit peu. Mais des contrevérités manifestes sont apparues. Au moins un parjure a été identifié», a affirmé Alexandre Ouizille sur X.
La commission sénatoriale doit présenter son rapport le 19 mai, après avoir multiplié les auditions pendant plusieurs mois. Son objectif est de faire la lumière sur les pratiques des industriels des eaux en bouteille, un scandale sanitaire qui a éclaté début 2024 après des révélations de journalistes du Monde et de franceinfo sur l’utilisation par des minéraliers de traitements interdits.
Le site de Nestlé Waters à Vergèze est actuellement fragilisé après que le préfet du Gard a mis en demeure le groupe de «retirer» son système de microfiltration de son eau Perrier, dans un délai de deux mois, au risque de ne pas obtenir le renouvellement de l’autorisation d’exploitation des célèbres bouteilles vertes comme «eau minérale naturelle».
Devant une commission d’enquête parlementaire, qui dispose d’importants pouvoirs d’enquête et d’audition, le faux témoignage est passible de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende.
Libération