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Emmanuel Macron sur TF1 : référendums possibles, location de places de prison à l’étranger, actes israéliens «inacceptables» à Gaza… les dix moments clés de l’interview

Emmanuel Macron sur TF1 : référendums possibles, location de places de prison à l’étranger, actes israéliens «inacceptables» à Gaza… les dix moments clés de l’interview

Un format inédit depuis octobre 2022, celui d’un Emmanuel Macron «sur le gril» d’un plateau de télévision, selon la formule employée par l’Élysée. Et aussi un casting détonnant pour cuisiner le chef de l’Etat pendant plus de trois longues heures ce mardi 13 mai au soir sur TF1. Sur les écrans de l’émission spéciale «Les défis de la France», sont notamment apparus la journaliste de Blast Salomé Saqué, qui l’interrogeait sur la jeunesse, l’ancien cofondateur de Reporter sans Frontière (RSF) Robert Ménard, désormais maire de Béziers proche de l’extrême droite, qui a convoqué sans surprise les sujets sécuritaires, et la patronne de la CGT Sophie Binet, logiquement attendue sur l’industrie et la réforme des retraites. Dans une première partie le président de la République s’est aussi exprimé sur les questions internationales. Voici les dix moments importants de la soirée.

Quelques jours après un déplacement à Kyiv, Emmanuel Macron a été interrogé en début d’émission sur la guerre en Ukraine. Il a défendu une position équilibrée de soutien à Volodymyr Zelensky, notamment par l’envoie d’armes, sans toutefois «jamais rentrer dans une escalade». «Ce qui se passe en Ukraine, c’est notre sécurité, nous on veut la paix», affirme le chef de l’État. «On ne veut pas faire la troisième guerre mondiale», insiste-t-il pour ceux qui le taxent d’être «va-t-en-guerre». Mais «on ne peut pas abandonner l’Ukraine», martèle-t-il. Il a notamment menacé la Russie de nouvelles sanctions si elle «confirme le non-respect» d’un cessez-le-feu.

Questionné sur l’élaboration d’une défense européenne davantage coordonnée, le président de la République a mis en avant la «doctrine nucléaire». «Compte-tenu du moment que nous vivons, j’ai souhaité qu’on puisse engager, avec tous les partenaires qui le souhaitent, un exercice pour regarder si on peut aller plus loin», a-t-il ajouté. Une démarche à laquelle il pose trois conditions : «la France ne paiera pas pour les autres», «ça ne viendra pas en soustraction de ce dont on a besoin pour nous», et enfin «la décision finale» de l’usage de l’arme nucléaire «reviendra toujours au président de la République, chef des armées».

Beaucoup plus tard dans l’émission, le locataire de l’Elysée a été lancé sur la situation au Proche-Orient, où il s’est récemment rendu. Disant d’abord qu’il ne lui revient pas de qualifier la situation à Gaza de «génocide», mais plutôt aux «historiens», Emmanuel Macron a ensuite vertement dénoncé la politique du Premier ministre israélien : «ce que fait aujourd’hui le gouvernement de Benyamin Nétanyahou est inacceptable», «une honte», a-t-il renchéri. Il a notamment regretté que «toute l’aide que la France et d’autres pays acheminent» soit «bloquée par les Israéliens». Au contraire des Etats-Unis qui pourraient tordre le bras de Nétanyahou, car l’Etat hébreu «dépend des armes américaines». En outre, la question d’une révision des «accords de coopération» entre l’Union européenne et Israël est «ouverte», a menacé Emmanuel Macron.

Dans la discussion assez vive qui l’a opposé à la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, le Président a été mis en difficulté sur sa théorie économique. Il a bien sorti son propre graphique sur la création d’emplois industriels à la hausse sous ses quinquennats, mais la syndicaliste lui fait remarquer que la courbe s’inverse depuis 2023. Et sur les cas de Vencorex et ArcelorMittal, industries stratégiques, il a balayé l’hypothèse de les nationaliser. Pressé de le faire par Sophie Binet, il affirme que «la nationalisation ne sert rien» même si EDF l’a été en 2022 pour servir les ambitions du pays en matière de relance nucléaire, «dire que la nationalisation est une réponse, c’est mentir aux gens».

«Vous nous imposez de travailler jusqu’à 64 ans. Une réforme imposée contre l’avis de millions de travailleurs», a affirmé Sophie Binet, qui a exigé un référendum pour demander aux Français s’ils souhaitent abolir l’allongement de l’âge de départ à la retraite. Gilles Bouleau a rappellé au passage que 68 % des personnes interrogées sont favorables à une telle consultation. «Non, pas de référendum», a pourtant évacué le chef de l’Etat. Il a rappellé à la patronne de la CGT avoir fait campagne sur ce sujet en 2022, estimant y puiser une légitimité. Et Sophie Binet de rétorquer, la main sur le cœur : «En face de vous il y avait l’extrême droite, même moi j’ai voté pour vous !» «Merci d’abord», a répondu Macron tout sourire, avant de reprendre son argumentaire, sans dévier d’un iota.

Le chef de l’Etat a appelé ensuite à l’ouverture d’un chantier de réflexion autour du financement du modèle social français. «Je souhaite qu’une conférence sociale s’installe sur le mode de financement de notre modèle social. Il a 80 ans cette année, c’est un trésor de la République. Simplement, son financement repose beaucoup trop sur le travail», a-t-il jugé. «On doit lancer une réflexion sur les évolutions du travail», a avancé le président, sans toutefois en dire beaucoup plus sur les modalités.

Face au maire de Béziers, Robert Ménard, qui a récité ses obsessions sécuritaires, Emmanuel Macron a annoncé une mesure inédite : la location de places de prison à l’étranger, en cas de surpopulation carcérale. Le ministre de la Justice Gérald Darmanin aurait «commencé à regarder», renseigne le président, selon qui cette proposition «fait partie des choses qu’on est prêts à faire». Le chef de l’État a aussi validé dans la foulée l’idée de faire participer les détenus aux frais de leur incarcération, récemment mise sur la table par Darmanin, et qualifiée de «tout à fait pertinente».

Le chef de l’Etat a défendu le texte examiné en ce moment à l’Assemblée sur la fin de vie, une loi selon lui d’«équilibre», qui va «faire évoluer notre droit», et dont il a dit vouloir «qu’elle soit votée». Puis il a ouvert la voie à un référendum sur ce sujet en cas d’enlisement des débats dans l’hémicycle. «Je ne le ferai que si c’est bloqué, mais d’abord il y a le travail du parlement», précise-t-il.

Au-delà de ce sujet de la fin de vie, Emmanuel Macron a reformulé sa volonté, déjà exprimée lors de ses voeux du 31 décembre, de «solliciter» les Français, via plusieurs référendums, sans donner plus d’indices sur les champs concernés. Sur l’immigration ? «Je ne vois pas le sujet qui tomberait dans le champ de l’article 11», réplique-t-il. Pour moderniser le système politique en instaurant la proportionnelle aux élections législatives ? «Pas de sens». Sur les finances publiques, comme le souhaite François Bayrou ? «Si certaines réformes peuvent aller au référendum, pourquoi pas. Mais il faut faire attention, les réformes économiques et sociales sont dans le champ de l’article 11, la fiscalité et le budget, c’est une compétence du parlement, c’est pas un objet de référendum». En clair, rien n’est bien clair.

Difficultés à se loger, queues interminables devant les distributions alimentaires… Ce mardi soir, c’est la journaliste Salomé Saqué qui s’est faite la porte-parole des jeunes et de leurs problématiques. Pour y répondre, Emmanuel Macron a annoncé un «versement social à la source». «Les jeunes qui ne vivent pas chez leurs parents, c’est là qu’il y a de la pauvreté», a-t-il constaté, proposant de créer une «bourse unique» «pour qu’un jeune qui ne vit pas chez ses parents ait une bourse et une APL», sans détailler davantage. «Mais pourquoi maintenant ?», s’est exclamée Salomé Saqué. «Parce que c’est hyper compliqué, […] c’est affreusement long à mettre en place», s’est justifié le président.

«Pourquoi ne pas introduire des cours de nutrition à l’école et augmenter les heures de sport à l’école ?», a questionné l’influenceur le plus suivi de France, premier au monde sur YouTube, et spécialisé sur les contenus dédiés à la musculation. Qui rappelle que «la sédentarité et l’obésité sont des problèmes de santé publique majeurs». «Bah il a totalement raison», répond du tac au tac Emmanuel Macron, dans une quasi-complicité avec la star du web qui a déjà révélé avoir voté pour lui. «Les 30 minutes de sport tous les jours à l’école, c’est un formidable instrument, Tibo InShape l’a très bien dit, de prévention du surpoids», a-t-il renchérit.

Le Premier ministre est le grand absent de la soirée, presque jamais mentionné par Emmanuel Macron, alors qu’il est en théorie chargé de trouver des majorités à l’Assemblée, pour espérer faire voter tout ce que le Président vient d’annoncer. Le locataire de Matignon est aussi attendu dès ce mercredi pour une audition devant la commission d’enquête parlementaire sur l’affaire Bétharram. Ce qu’a relevé Gilles Bouleau en fin d’émission. «François Bayrou, quand il a été ministre s’est battu contre les violences faites aux enfants», a-t-il rappelé, assurant avoir «beaucoup parlé» avec lui de l’affaire en question. «Je sais qui il est. C’est un homme que je connais depuis de nombreuses années. J’ai confiance en lui».

Libération

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