En solidarité avec Gaza, une cinquantaine de mairies brandissent le drapeau palestinien et provoquent la colère de Bruno Retailleau

Un jour historique vaut bien un geste symbolique. Ce lundi 22 septembre, tandis que la France reconnaissait l’État de Palestine, cinquante-deux de ses mairies arboraient ses couleurs, rouge, noir, blanc et vert, à leurs frontons. Un chiffre communiqué par le ministère de l’Intérieur. Parmi elles, plusieurs villes de banlieue parisienne, telles que Nanterre, Bagneux, Ivry-sur-Seine, Corbeil-Essonnes ou Gennevilliers, où étaient présents de nombreux élus, dont Elsa Faucillon, députée PCF. « J’ai vu beaucoup d’émotion ce matin dans les yeux de celles et ceux qui étaient présents, rapporte-t-elle. Je sais et partage aussi leurs exigences. Car si nous ne voulons pas reconnaître un cimetière, la France doit prendre des sanctions immédiates contre Israël, pour mettre fin au génocide en cours et à l’annexion de la Cisjordanie. »
D’autres grandes villes ont déployé le drapeau palestinien sur leurs façades. Comme à Grenoble (Isère), où le drapeau était accompagné d’un message exigeant « Cessez-le-feu, libération des otages, respect du droit international et reconnaissance de l’État de Palestine ». À Stains, le maire PCF de la ville, Azzédine Taïbi, a décidé d’accompagner le drapeau palestinien du « drapeau de l’ONU et de la paix ». Karim Bouamrane, maire PS de Saint-Ouen, a choisi le même geste, ajoutant aussi celui d’Israël.
Cet élan a également gagné les territoires d’outre-mer. Sur l’île de La Réunion, la bannière palestinienne a été déployée à Saint-Denis, au Port, à Saint-Paul, à Sainte-Suzanne et à l’hôtel de Région, à l’initiative de sa présidente, Huguette Bello.
Ces derniers jours, en amont de cette initiative groupée, plusieurs communes, le plus souvent communistes, avaient osé ce geste de solidarité au risque de s’attirer les foudres du ministre démissionnaire de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui a donné pour consigne aux préfets de s’y opposer et de faire respecter un « principe de neutralité des services publics ».
C’est d’ailleurs sur recours du préfet des Hauts-de-Seine que Jacqueline Belhomme, maire de Malakoff, a reçu une injonction du tribunal administratif de Cergy-Pontoise exigeant le retrait de la bannière. Une décision ignorée par l’édile : le drapeau ne sera retiré que ce mardi, « comme prévu ». Dans les Pyrénées-Atlantiques, Louis Labadot, maire communiste de Mauléon-Licharre, également visé par une saisine de la justice administrative du préfet du département, a fait le choix de retirer le drapeau puis finalement de le hisser à nouveau ce lundi.
La semaine dernière, Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, avait appelé les dirigeants de municipalité et de collectivité à faire « flotter le drapeau palestinien sur nos mairies », tout en écrivant, au même moment, au président de la République, Emmanuel Macron, pour qu’il « autorise ce pavoisement ». « Il faut faire en sorte que la France, dans sa diversité, dise « nous sommes à côté du peuple palestinien » », justifiait-il.
Reste que le chef de l’État a fait le choix de garder le silence sur ce sujet qu’il sait sensible. Invité de TF1 ce lundi matin, Jean-Noël Barrot, ministre démissionnaire des Affaires étrangères, a pour sa part qualifié ces initiatives et la défiance qu’elles rencontrent de « polémiques futiles ».
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L'Humanité