Henryk Kowalczyk : Le gouvernement a abdiqué sa responsabilité dans la création de la politique de l'Union européenne

Agnieszka Niesłuchawska, « Wprost » : Après 1989, l’agriculture polonaise a connu une transformation, et l’adhésion à l’Union européenne a été une véritable révolution pour le secteur agricole. La Pologne est devenue l’un des plus grands producteurs et exportateurs de l’UE, notamment dans des secteurs comme la volaille et les pommes, ainsi qu’un exportateur important de céréales. Selon vous, quels sont les atouts et les faiblesses de notre agriculture sur la scène internationale ?
Henryk Kowalczyk : L’ouverture du marché a représenté une formidable opportunité et un défi majeur pour la Pologne. Grâce à cela, nos exportations de produits ont connu une croissance dynamique, dépassant les 40 milliards d’euros ces dernières années, ce qui a véritablement dynamisé l’agriculture polonaise. L’adhésion à l’UE a été un atout majeur : les subventions accordées aux agriculteurs ont permis de niveler les prix et de garantir aux agriculteurs un revenu stable. Mais elle présente aussi des inconvénients, notamment l’importation et l’afflux de marchandises diverses en provenance de pays tiers. À cela s’ajoutent des idées controversées de la Commission européenne, issues d’une approche environnementale mal comprise, comme la jachère ou la réduction de moitié injuste des produits phytosanitaires, qui, heureusement, n’est pas encore entrée en vigueur.
L’ouverture du marché aux pays extérieurs à l’Union européenne représente-t-elle également un risque important ?
L'ouverture au Mercosur ou aux marchés ukrainiens est particulièrement préjudiciable à notre agriculture, car nous ne pourrons pas résister à cette concurrence. Une aide temporaire à l'Ukraine était compréhensible, mais l'ouverture permanente de nos frontières aux importations en provenance de l'est serait très préjudiciable, car la production y serait réalisée sans respecter les exigences européennes.
La politique agricole exige une vision à long terme. Quels sont les principaux défis auxquels le gouvernement actuel est confronté ?
Il convient avant tout de réguler l'entrée de produits importés. Des droits compensateurs devraient être instaurés pour couvrir les différences de coûts de production. Des réglementations uniformes et clairement définies devraient également être établies pour les produits importés.
L’égalité de concurrence est un défi majeur, nous devons donc accepter uniquement les produits non européens qui répondent aux critères de l’UE.
Et lorsque vous dirigiez le ministère de l’Agriculture, quels ont été vos plus grands succès dans ce domaine ?
En tant que ministre de l'Agriculture, j'ai bloqué des solutions préjudiciables à l'agriculture polonaise, comme la jachère et la réduction de l'utilisation des produits phytosanitaires. Durant mon mandat, une majorité de blocage a été trouvée au sein de l'UE, ce qui a conduit au blocage de ces idées. Aujourd'hui, cette détermination fait défaut. Et alors, si certains, comme Donald Tusk, disent : « Nous sommes contre ? » L'enjeu n'est pas de s'opposer ici en Pologne, mais de trouver des pays qui formeront un groupe pour bloquer cette solution.
Malheureusement, notre gouvernement poursuit une politique passive et a renoncé à créer une politique au sein de l’Union européenne.
Spécifiquement?
Il s'agit des intérêts de l'UE dans son ensemble, et non pas nécessairement du bien-être des agriculteurs polonais, ce qui est intrinsèquement en contradiction avec les profits des Allemands, qui se réjouissent de l'ouverture du marché sud-américain à leur industrie automobile. La Pologne n'exporte pas de voitures, nous ne subissons donc que des pertes. Nous devrions être plus attentifs à nos propres affaires.
Wprost