L'impôt dont personne ne veut parler aux élections locales, mais qui pénalise ceux qui travaillent

Parfois, les décisions publiques les plus incompréhensibles ne sont pas celles qui manquent de détails techniques, mais plutôt celles qui ignorent le bon sens. Je pense notamment à la taxe de séjour municipale, prélevée par des villes comme Lisbonne et Porto, qui pénalise sans distinction tous ceux qui y séjournent, y compris ceux qui le font pour des raisons professionnelles et, de manière absurde, ceux qui contribuent déjà significativement au financement des infrastructures locales par le biais de l'impôt sur les personnes physiques et morales.
En tant que fondateur d'une entreprise basée à Porto, mon travail m'oblige à me rendre à Lisbonne presque chaque semaine. Et chaque nuit que je passe dans la capitale pour des raisons professionnelles, je suis confronté à un paradoxe fiscal : je dois payer 4 € de taxe de séjour. Je ne visite pas de places, de monuments ou de musées, je ne profite pas des plages et je ne participe pas à des excursions en tuk-tuk. Je travaille, tout simplement. Pourtant, je suis imposé comme si j'étais en vacances.
La taxe municipale de séjour, actuellement fixée à 4 € par nuit à Lisbonne et 3 € à Porto, m'est facturée sans distinction. Moi qui contribue activement à l'économie et aux infrastructures de ces deux villes par mes impôts, je suis contraint de payer à nouveau pour une prétendue « usure » que ma présence professionnelle ne justifie pas. Ce n'est pas une question de valeur, mais de principe et d'équité.
Cette faille crée une situation absurde où un travailleur national en déplacement professionnel est traité comme un touriste étranger en vacances. Certes, je sais que le droit du travail impose aux entreprises de prendre en charge les frais de déplacement de leurs salariés. Mais dans mon cas, en tant qu'entrepreneur et actionnaire, je suis à la fois la personne qui voyage et l'entreprise qui paie. Et ce modèle aboutit finalement à une charge fiscale superflue.
La justification des municipalités, comme celle de la mairie de Porto, qui invoque la « pression urbaine » et ignore le fait que les professionnels déplacés ne sont pas la cause de cette pression, mais plutôt une nécessité vitale pour l'économie qui la soutient. En tant qu'entrepreneur et contribuable, je contribue déjà à tout cela. Je paie l'impôt sur le revenu, l'impôt sur les sociétés, la TVA, les surtaxes et taxes locales, et bien d'autres impôts que je ne peux même pas quantifier. Et maintenant, parce que je dois passer une nuit à travailler dans une autre ville, je paie encore un impôt ? Ce n'est pas contribuer ; c'est être injustement imposé.
L'expérience internationale montre qu'il est possible de faire les choses différemment et mieux ! En Allemagne, des villes comme Berlin, Cologne et Hambourg exonèrent tous les voyageurs d'affaires de la taxe de séjour. Une simple déclaration de l'entreprise suffit pour garantir cette exonération. Le principe est clair : ceux qui ne voyagent pas pour le plaisir ne devraient pas être imposés comme des touristes. Ce système reconnaît que l'activité économique est un élément vital de l'économie et non un facteur de dégradation urbaine.
Pendant ce temps, au Portugal, les municipalités de Lisbonne et de Porto ont récemment décidé d'augmenter les impôts. Imaginez ! Carlos Moedas, maire de la municipalité de Lisbonne, a même déclaré que les recettes serviraient à « nettoyer la ville ». L'intention est peut-être louable. Mais l'exécution est aveugle et injuste, car elle ignore complètement une catégorie clé de contribuables : les professionnels licenciés.
Ce modèle est non seulement injuste, mais aussi contreproductif. Il pénalise la mobilité interurbaine, nuit aux petites entreprises qui dépendent des réseaux physiques et déconnecte le Portugal des meilleures pratiques européennes. De plus, il envoie le message dangereux que l'État ou les municipalités ne font pas la distinction entre les citoyens qui créent de la valeur et ceux qui la consomment. En bref, cette politique non seulement pèse sur les entreprises, réduisant leur compétitivité, mais représente également un manque de respect envers tous les professionnels qui sillonnent le pays pour générer de la richesse, créer des emplois et faire tourner l'économie.
La solution est simple et à la portée de toute réglementation municipale : exonérer de la taxe de séjour tous les voyages d’affaires, à condition qu’ils soient dûment justifiés. Inutile de réinventer la roue fiscale. Cela requiert une volonté politique et l’application d’un principe fondamental d’équité. Pour y parvenir, deux pistes claires sont proposées :
1. Création d'une exonération municipale : Au moins les municipalités de Lisbonne et de Porto doivent modifier leur réglementation pour inclure une exonération pour les voyages d'affaires, sous réserve de la présentation d'une déclaration de l'employeur, similaire au modèle allemand, ou lors de la facturation du séjour à une NIPC.
2. Définir des critères juridiques nationaux : Idéalement, le Gouvernement devrait établir un cadre national pour les taxes touristiques municipales, définissant clairement les conditions d’exonération pour les travailleurs, garantissant l’uniformité et l’équité sur tout le territoire.
Je ne demande pas de privilèges. Je demande simplement du bon sens fiscal. Car, au final, l'enjeu est une question d'équité et de bon sens. Ceux qui paient déjà des impôts pour le fonctionnement des villes ne devraient pas être taxés deux fois pour l'exercice de leur profession.
Il est temps de faire pression sur nos maires. D'autant plus que les élections locales approchent à grands pas !
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